Victor Erice

Né à Carranza en 1940, Victor Erice étudie à l’Escuela Oficial de Cinematografía, l’école de cinéma de Madrid au sein du département Réalisation. C’est dans ce cadre qu’il tourne ses premiers courts-métrages, Entre Vías et Páginas de un diario, ainsi qu’un moyen-métrage intitulé Los Días perdidos. En 1969, il fait l’expérience d’un 1er "vrai" film à travers un sketch de 35 minutes du film Los Desafíos (auquel participent aussi Rafael Azcona, José Luis Egea et Claudio Guerín). On y assiste, dans un hameau du désert, aux croisements entre un Américain, une Cubaine, 2 Espagnols et un chimpanzé.

Mais c’est en 1973 que Víctor Erice s’impose grâce à ce premier long-métrage exceptionnel, presque culte, qu’est L’Esprit de la rûche. Cette évocation noire et poétique du monde de l’enfance, qui dilate le temps et filme l’espace à perte de vue, lui vaut une reconnaissance mondiale. Un second long-métrage voit le jour 10 ans plus tard, en 1983, entérinant la réputation de perfectionnisme de l’auteur. Il s’agit du Sud, inspiré d’un roman d’Adelaida García Morales, l’histoire d’une fillette fascinée par le passé mystérieux d’un père peu présent, qui a laissé dans le sud une femme à laquelle il voue un amour éternel…

Une dizaine d’années de silence s’installe de nouveau jusqu’au Songe de la lumière (1992). Cette entreprise de documentaire autour du peintre Antonio López, s’attaquant à la peinture du cognassier de sa maison madrilène, montre la minutie des travaux préparatoires, affronte le dur labeur du processus créatif, mais offre aussi une réflexion mélancolique sur l’art et la mort. Grâce à cette oeuvre singulière il remporte un mérité Prix du Jury au Festival de Cannes ainsi que le Prix de la critique internationale.

3 décénnies, 3 chefs-d’œuvre… mais depuis, aucun autre long-métrage n’est venu compléter cette filmographie unique. S'il participe parfois à des films collectifs (Preguntas al atardecer dans Celebrate Cinema 10, The Trumpet dans le prestigieux 10 minutes older où il est accompagné, entre autres de Jarmusch et Wenders), il ne tourne plus guère, entretenant la légende d'un génie austère radicale et ermite. Le temps de la reconnaissance patrimoniale vient alors : en 2007, le Centre Pompidou lui offre une exposition où il croise son regard avec celui d'Abbas Kiarostami et, en 2010, il intègre le jury du 63e Festival de Cannes.