Bulle Ogier

Avec amour et acharnement (2022)

Photo dernier film Bulle Ogier
Photo dernier film Bulle Ogier
Bulle Ogier

BIOGRAPHIE

En 1961, Bulle rencontre Marc’O, auteur et metteur en scène. Elle le rejoint dans son atelier théâtral de l’American Center, boulevard Raspail. Il enseigne là, un théâtre qui rend caduques les conventions mortifères de la théâtralité. Un théâtre vivant où l’acteur doit être aussi créatif que l’auteur.

Ces expériences donnent lieu à plusieurs spectacles jusqu’aux Idoles, en 1967. C’est lors des représentations de ce spectacle créé dans un lieu très St Germain, Le Bilboquet, rue St-Benoît, que de nombreux réalisateurs découvrent l’absolue singularité de Bulle Ogier.

Parmi ces réalisateurs, il y a Jacques Rivette. C’est le début d’une complicité très forte parce qu’elle restera toujours imperceptible : 6 films, de L’Amour fou en 1968 à La Bande des quatre en 1988, participent à l’invention d’une subversion sans pesanteur où les vieux codes de l’art — et aussi ceux de la société — s’effritent dans un nuage de poussière.

Très tôt, Bulle Ogier devine à quel point, si on y pense, le théâtre et le cinéma peuvent être l’un par l’autre renouvelés. Elle tourne avec André Téchiné, René Allio, André Delvaux, Alain Tanner — dont l’insaisissable Salamandre a fait le tour du monde — et aussi avec Luis Bunuel, Barbet Schroeder, Daniel Schmidt, Rainer-Werner Fassbinder, Werner Shroeter, Raoul Ruiz, Manoel de Oliveira, Xavier Beauvois.

La part de théâtre inoculée au cinéma lui vient surtout de Marguerite Duras, dont elle deviendra l’interprète intime et l’amie idéale. La fluidité de Bulle apparaît, éclatante, chaque fois que le jeu la rapproche de Madeleine Renaud. Comme s’il n’y avait entre elles plus aucune trace de séparation. "Un terrain commun qui est celui d’une véritable sauvagerie", dira Duras qui aimait explorer l’adolescence incestueuse — le petit frère chasseur — autant qu’elle explorait l’amour tortueux pour sa mère, ou le désir de l’amant chinois. Avec Duras, Bulle sanctifie l’immoralité.

Elle a aussi connu, au théâtre, d’autres metteurs en scène, ou plutôt d’autres personnes. Claude Régy, Luc Bondy, Patrice Chéreau. Un théâtre de créateurs mais aussi, tous, ce sont des enfants qui ont grandi dans les salles obscures. Les jeunes cinéastes, les jeunes metteurs en scène gravitent autour de cette figure obstinée qui laisse loin derrière elle son image d’icône du cinéma d’auteur.

La force de ses engagements excède la notion de carrière, avec tout ce qu’elle inclue de concessions au paraître, à la glorification. C’est de l’Être à vif que l’on ressent, depuis le début, depuis ses débuts. Et toujours maintenant. Un abandon au vivant et pourtant une énigme. Bulle nous montre peut-être la sensualité de la grâce, l’immatérialité de la matière.

En 2008, elle est nominée au César pour la catégorie de meilleure actrice dans un second rôle dans le film Faut que ça danse ! puis apparaît dans Passe-passe de Tonie Marshall avec pour partenaires Edouard Baer, Nathalie Baye et Joey Starr. Un an après, elle est à l'affiche dUn autre homme de Lionel Baier.
Bulle Ogier