Né à Tokyo, Tatsuya Nakadai (son vrai prénom étant Motohisa) n'est qu'un simple employé de magasin lorsque Masaki Kobayashi le rencontre par hasard. Impressioné par la stature de l'homme et l'intensité de son regard, il l'embauche pour jouer un petit rôle dans un film de 1953, La Chambre aux murs épais.
Sans réelle formation, il dénote pourtant par un authentique charisme et continue de courir les tournages, figurant notamment dans le chef-d'oeuvre de Kurosawa Les Sept Samourais (1954). C'est encore avec Masaki Kobayashi qu'il obtient ses premiers rôles majeurs, notamment dans La Rivière noire, où il incarne avec le soupçon de folie nécessaire un yakuza.
C'est pour lui le début d'une longue période faste qui en fera un des acteurs légendaires du cinéma japonais, en concurrence directe avec son glorieux contemporain Toshiro Mifune. Il s'impose encore chez Kobayashi avec les différents volets de la fresque La Condition de l'Homme, mais surtout avec le rôle d'Hanshiro Tsugumo dans le chambara noir Hara Kiri (1963).
Dans cette oeuvre charnière de l'histoire du film de sabre marquera les esprits à tel point que Nakadai se verra régulièrement proposer des rôles de samouraï maniaque et violent que ce soit chez des auteurs comme Kihachi Okamoto, avec son célèbre remake du Passage du Grand Bouddha, Le Sabre du Mal (1966), ou bien chez Kurosawa dans Le Garde du corps (1961) et Sanjuro (1962).
Souvent présenté comme l'adversaire de Mifune, il incarne pourtant une image du samouraï tout à fait différente : désespéré, déviant volontiers sadique. Kurosawa le prend sous son aile après sa brouille avec Mifune et ils tournent ensemble le superbe Kagemusha. Il tourne également sous la direction d'autres maîtres du chambara : Hideo Gosha (Goyokin) ou Kenji Misumi (Zatoïchi : le Shogun de l'ombre) et fait un tour en Europe avec Cinq gâchettes d'or.
Avec plus de 100 films à son actif, il est un des monuments incontournables de la cinématographie japonaise. En 1975, il a ouvert avec sa femme une école d'art dramatique où il enseigne "sa" méthode : ne pas en avoir et laisser ouvertes les possibilités multiples de la métamorphose.
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