Ettore Scola est en 1931 dans le petit village de Trevico, province d'Avellino en Campanie (Italie).
De 1947 à 1952, Ettore Scola débute en travaillant dans divers journaux humoristiques, tel que l'hebdomadaire satirique Marco Aurelio. Dans le même temps, il rédige une vingtaine de scénarios, surtout des comédies, notamment pour l'acteur Totò. En 1950, il démarre même une carrière à la radio en écrivant pour la radio Ho-là, Rosso e nero, il teatrino de Alberto Sordi.
Jean-Louis Trintignant, Serge Reggiani, Jean-Louis Barrault, Jean-Claude Brialy, Daniel Gélin, Michel Vitold, Bernard Giraudeau, Vincent Perez, Philippe Noiret, André Dussolier, Claude Rich et même Gérard Depardieu ont joué devant sa caméra. Du côté des comédiennes, on ne peut oublier Marie Trintignant, Emmanuelle Béart, Marina Vlady, Andrea Ferreol, Marie Gillain et surtout Fanny Ardant, rayonnante de beauté et de présence dans La famille et Le dîner. Scola souligne volontiers son plaisir à travailler avec des acteurs français, son sentiment de les intégrer sans difficulté à son monde : "Je crois ne jamais avoir considéré comme français quelqu'un comme Trintignant que je perçois comme un acteur de l'Italie centrale, ou bien comme Blier qui semble être originaire de l'Italie méridionale. Mais c'était aussi le cas avec Michel Simon ou avec Philippe Noiret qui, dans La famille, a tourné toute la scène en italien. Il en est de même pour Pierre Brasseur, Charles Vanel, Claude Dauphin, que j'ai vraiment du mal à considérer comme des étrangers : ils me font penser à Gassman ou à Tognazzi. Leur mentalité, leur culture font que je les ressens comme très proches de nous." (Paris-Rome. Cinquante ans de cinéma franco-italien, Paris, La Martinière, 1995).
Ses liens avec la France sont étroits puisqu'il a même été en quelque sorte investi de la lourde responsabilité d'illustrer l'histoire nationale française avec La nuit de Varennes -Claude Manceron était son conseiller historique et Sergio Amidei mit toute son expérience au service du scénario- et avec Le bal, d'après le spectacle créé par le théâtre du Campagnol de Jean-Claude Penchenat. Quant à son adaptation du Capitaine Fracasse, elle brille par son inventivité et sa subtilité figurative.
Lors des innombrables manifestations organisées à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la Révolution française en 1989, il apparut clairement que les films qui avaient représenté l'événement avec le plus de pénétration et d'intelligence historique étaient La Marseillaise de Jean Renoir et La nuit de Varennes d'Ettore Scola.
Ettore Scola a été un des cinéastes italiens qui a le mieux joué le jeu des coproductions franco-italiennes, une quinzaine au total, sachant tirer partie non seulement au plan économique mais aussi au plan artistique des possibilités qu'offrait ce système. Ainsi, il a souvent fait appel à des acteurs français. Dès son premier film, Parlons femmes, il associe Jeanne Valérie à Vittorio Gassman. La plus belle journée de sa vie rassemble autour d'Alberto Sordi, Pierre Brasseur dont c'est le dernier rôle, Charles Vanel, Michel Simon, Claude Dauphin. Bernard Blier constitue un extraordinaire partenaire pour Sordi dans Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? et on le retrouve tout aussi réjouissant dans Passion d'amour.
Si on examine les résultats économiques des films de Scola sur le marché français, on s'aperçoit que le cinéaste a commencé à s'imposer en France avec Drame de la jalousie. Le prix d'interprétation obtenu par Marcello Mastroianni au festival de Cannes en 1970 n'est sans doute pas étranger au succès du film. Par la suite, le film qui a réuni le plus de spectateurs, là encore sur la lancée du succès cannois, est Une journée particulière (1.058.607 spectateurs) suivi du film Le bal et de Nous nous sommes tant aimés. L'accueil critique des films a été en harmonie avec le succès public.
Scola a vu de nombreuses revues françaises suivre son travail avec plus ou moins de bonheur. Quelques points forts sont à souligner. Le scénario de quatre de ses films a été publié par l'Avant-Scène cinéma : Une journée particulière en 1979, La terrasse en 1981, Macaroni en 1986, ce qui allait un peu de soi dans la mesure où ces films ont été de grands succès en France, mais aussi Splendor en 1989, film accueilli avec moins d'enthousiasme. Ces numéros, accompagnés de préfaces ou d'entretiens, ont contribué à mieux faire connaître une oeuvre trop souvent envisagée de façon réductive.
Les derniers films d'Ettore Scola, hors de l'exploitation commerciale, dans toutes les manifestations où ils ont été projetés, ont toujours reçu un accueil chaleureux. Ainsi, Gente di Roma sur les écrans en 2004, offre l'occasion de revenir sur un créateur libre et imaginatif, un homme capable de se remettre constamment en question et de ne jamais renoncer à sa liberté intellectuelle et morale, sans parler de la générosité de ses convictions politiques.
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