Kenji Misumi

Né à Kyoto, Kenji Misumi est l'enfant illégitime d'une geisha et d'un notable local qui ne le reconnaîtra jamais mais lui fournit tout de même le nécessaire pour passer une enfance tranquille auprès de sa mère adoptive. Passionné de films de sabre et de récits classiques, il décide de devenir artiste et entre à la Nikkatsu sur la recommandation de Kan Kikuchi, un des papes de l'édition japonaise, client fréquent du restaurant de sa mère.

Là-bas, il franchit une à une les étapes se prêtant avec docilité à la hierarchie des studios et jouant les hommes à tout faire pour les cinéastes côtés de l'époque (Hiroshi Inagaki, Mansaku Itami, etc.). La crise des années 40 arrive bientôt et Misumi est mobilisé en 1942, puis fait prisonnier par les soviétiques à la capitulation en 1945. Il revient en 1948, marqué par cette expérience et fermement décidé à se faire un nom dans l'industrie.

Il finit par entrer à la Daiei, en tant qu'assistant de Teinosuke Kinugasa puis passe enfin à la réalisation en 1954. Commence alors pour lui une carrière d'artisan talentueux du chambara, imprégnant sa patte à quelques unes des plus grandes réussites du genre. On lui doit ainsi, entre autres, une adaptation mythique d'un des récits les plus poulaires du genre martial japonais : Le Passage du Grand Bouddha (3 parties entre 1960 et 1961).

Sobre, dense, son style s'appuie sur un sens aigu du plan-séquence et de la couleur. Il accorde une attention particulière et amène une véritable relecture des codes de représentation du samouraï avec sa trilogie du sabre (Tuer, Le Sabre et La Lame diabolique entre 1962 et 1963).

Auteur méconnu, artisan soucieux de qualité, il est également à la tête de deux des plus grandes séries de chambara du cinéma japonais des années 60-70 : Zatoichi (6 films sur une série de 20) et Baby Cart (4 des 6 films). Avec seulement une cinquantaine de films à son actif (total peu élevé pour un cinéaste de studio de l'époque), il meurt le 24 Septembre 1975.