Luis Buñuel est né en 1900 à Calanda, en Espagne. Il est décédé le 29 juillet 1983 au Mexique.
Aîné d'une famille de 7 enfants, il subit une éducation religieuse rigide et, adolescent, se révolte en se faisant renvoyer de son école jésuite. Un parcours qui se révèle loin 'être anecdotique au regard de sa filmographie à venir, bourrée d'allusions et de métaphores religieuses, mêlant l'érudition à une ironie flagrante et un anticléricalisme violent.
A 17 ans, il part faire ses études supérieures à Madrid. Durant cette période de bouillonnement intense, il se lie d'amitié avec les artistes Garcia Lorca et Dali, et apporte son soutien au mouvement dadaiste. En 1925, il s'installe à Paris, tâte de la mise en scène de théâtre et surtout, s'intéresse au cinéma. Le déclic se fait un soir avec la projection d'un film de Fritz Lang, Les Trois Lumières...
Critique de films à ses heures, assistant de Jean Epstein, créateur d'un ciné-club à Madrid, Luis Bunuel tourne en 1928 puis en 1930 2 oeuvres qui vont pronfondément marquer el cinéma mondial : Un chien andalou et L'âge d'or, co-écrits avec Salvador Dali. Le premier qui dure 17 minutes s'ouvre sur l'image d'un peil coupé. Soutenu par les surréalistes, il a pour premiers spectateurs enthousiastes Man Ray, Aragon, Picasso, Le Corbusier, Breton....
L'Age d'or est une symphonie d'images hallucinantes, présentées comme un hymne à l'amour fou. Ce qui ne l'empêche pas de créer un véritable scandale et d'être interdit... jusqu'en 1981.Deux ans plus tard, il tourne Terre sans pain, un documentaire de trente minutes sur la dureté de la vie dans la région de Las Hurdes en Espagne.
Il faudra alors presque 15 ans avant qu'il ne signe de nouveau un film en tant que metteur en scène. Appelé par Hollywood, qui ne sait finalement que faire de lui, il se retrouve à travailler au Musée d'Art Moderne de New York. Mais les pressions concernant son anticléricalisme et son marxisme le forcent à s'exiler au Mexique.
C'est là que s'ouvre tout un pan de la carrière de Luis Bunuel. A partir de 1946 avec Gran Casino, il se met à tourner de manière très régulière, offrant au cinéma méxicain quelques-unes de ses plus belles pages : Los Olvidados en 1950, une évocation dure te sans concessions de la vie des enfants dans les faubourgs de Mexico.
El en 1952, un drame de la jalousie poussée à son paroxysme, teinte de perversions ; La vie criminelle d'Archibald de la Cruz en 1955, le portrait morbide d'un homme qui parvient à tuer rien qu'au travers de ses fantasmes de mort ; Nazarin en 1958, l'aventure d'un prêtre, flanqué d'une prostituée, dont la piété est sans cesse mise à mal par la méchanceté du monde; L'ange exterminateur en 1962, un huis clos absurde à la limite du surréalisme, aux allures de charge féroce contre la bourgeoisie.
En 1965, Luis Buñuel tourne son ultime film méxicain : le moyen métrage Simon du désert. Mais entre temps, il s'est de nouveau rapproché de son Europe natale. Il dirige des co-productions et surtout il signe 2 autres de ses chefs d'oeuvre : Viridiana en 1961, qui marque son retour en Espagne, la trajectoire cruelle et désespérée d'une jeune fille qui aspire à devenir nonne, mais sur la route de laquelle l'auteur oppose des thèmes comme le viol, l'orgie et autres images blasphématoires; puis Le journal d'une femme de chambre en 1964, une adaptation provocante d'Octave Mirbeau, avec un célibrissime passage autour de Jeanne Moreau offrant ses bottines au fétichisme de son patron.
De 1967 à 1977, date à laquelle il choisit de mettre un terme à sa carrière de metteur en scène, Luis Bunuel est au sommet de son art, et il tourne, en France, une désormais très célèbre suite de chefs d'oeuvre : Belle de jour en 1967, Laz voie lactée en 1969, Tristana en 1970, Le charme discret de la bourgeoisie en 1972, Le fantôme de la liberté en 1974 et Cet obscur objet du désir en 1977.
Tout comme Le journal d'une femme de chambre, ils sont écrits en collaboration avec le scénariste Jean-Claude Carrière, qui partage le même goût pour l'humour corrosif et les situations étranges, et fait passer le corpus de la religion à l'érotisme, de la dépendance féminine au fétichisme masculin, tout en traquant les rituels de la bourgeoisie et en dressantla satire impitoyable.
Voici une de ses citations inoubliables : "La liberté est un fantôme. Cela je l’ai pensé sérieusement et je le crois depuis toujours. C’est un fantôme de brume. L’homme le poursuit, croit l’attraper, et il ne lui reste qu’un peu de brouillard dans les mains."
Le cinéaste s'éteint à Mexico le 29 juillet 1983.
Lire la
suite