Né en 1932 à Bécon-les-Bruyères, Michel Legrand entreprend l’étude du piano à quatre ans et entre à dix ans au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il y passe sept années et étudie avec les plus grands pédagogues du temps : Nadia Boulanger, Henri Challan, Noël Gallon et Lucette Descaves. À la fin de la guerre, il découvre le jazz lors d’un concert de Dizzy Gillespie. Il affectionnera particulièrement la formule du trio avec contrebasse et batterie.
En 1949, il rencontre l’univers de la chanson et devient l’accompagnateur de Jacqueline François, Henri Salvador, Catherine Sauvage et Zizi Jeanmaire, puis le directeur musical de Maurice Chevalier. De ce côté-ci de l’Atlantique, il enregistre plusieurs disques chez Philips : Holiday in Rome (1955), Michel Legrand plays Cole Porter (1957), Legrand in Rio (1958).
En 1955, il fait une entrée discrète dans le monde du 7e art avec la bande originale du film d’Henri Verneuil, Les amants du Tage. Il ne cessera plus de composer pour le cinéma, à raison d’une dizaine de films ou de téléfilms par an. De cette abondante production, on retiendra la musique pour L’Amérique insolite, de François Reichenbach, pour sept films de Jean-Luc Godard, entre 1961 et 1967, notamment Bande à part, La Chinoise et Vivre sa vie, pour Cléo de 5 à 7, d’Agnès Varda, Le cave se rebiffe (1961), Le Gentleman d’Epsom (1962), Comme un poisson dans l’eau (1962), Les amoureux du France (1964), Une Ravissante idiote (1964), Corrida pour un espion (1965), La vie de château (1966) ou Tendre voyou (1966).
C’est avec le polar Eva, en 1962, que Michel Legrand collabore pour la première fois avec le grand réalisateur Joseph Losey, avec qui il fera trois films. Avec le réalisateur Jacques Demy, il invente une nouvelle forme de film musical avec, notamment, Les Parapluies de Cherbourg, une comédie musicale au style révolutionnaire, dans lequel tous les dialogues du film sont chantés. Dans les années 1970 et 1980, il collabore avec les plus grands noms du cinéma : Clint Eastwood, Orson Welles, Jacques Deray, Jean-Paul Rappeneau, Costa-Gavras, Claude Lelouch.
À partir de 1964, Michel Legrand travaille avec Claude Nougaro : ils écrivent ensemble plusieurs chansons célèbres comme Les Dom Juan, Le Cinéma et Sa Maison. Il composera la musique de plusieurs chansons pour Serge Reggiani, Yves Montand (Coucher avec elle), Liza Minelli, Nana Mouskouri, et Jacques Brel, qui le convainc de se mettre lui-même à chanter. En 1966, Michel Legrand s’envole pour Los Angeles, où il demeure 3 années.
En 1968, il compose la bande originale de L’Affaire Thomas Crown, de Norman Jewison. La chanson Les Moulins de mon coeur, écrite pour ce film, devient un standard et elle apporte à Michel Legrand l’Oscar de la meilleure chanson originale de film en 1969. Il obtient, deux ans plus tard, celui de la meilleure musique de film avec L’Été 42, célèbre pour la chanson-thème The Summer Knows, interprétée par Barbara Streisand. Entre 1971 et 1975, il est en nomination 27 fois aux Grammy Awards et remporte cinq trophées.
La polyvalence de Michel Legrand ne cesse de s'enrichir d'année en année. Son palmarès cinématographique devient étonnant. Il travaille avec Clint Eastwood en 1973, avec Orson Welles en 1976, mais aussi avec les Français Jacques Deray (La Piscine, 1968), Jean-Paul Rappeneau (Les Mariés de l'an II en 1971, Le Sauvage en 1975), Costa-Gavras, Elie Chouraqui, Claude Lelouch (Les Uns et les autres,1981), Louis Malle (Atlantic City, 1981)… En 1983, son travail sur Yentl de Barbra Streisand est récompensé d'un nouvel Oscar. La même année, Michel Legrand écrit la BO du dernier James Bond de Sean Connery, Jamais plus Jamais. Il compose aussi pour le théâtre : Jarry sur la butte de Jean-Louis Barrault en 1970, puis Monte Cristo en 1975.
Dans les années 80, Michel Legrand choisit de se consacrer au jazz en montant un trio avec le batteur André Ceccarelli et le contrebassiste Marc-Michel Le Bévillon. Ensemble, ils sortiront trois disques. Dans les années 90, il monte un big band avec lequel il accompagne Ray Charles, Björk ou Diana Ross.
Les années 2000 sont celles des compilations et des hommages, notamment à Claude Nougaro, son ami, décédé en 2004.
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