La vie du cinéaste commence fort : à 5 ans, Raoul Ruiz est atteint d'un début de tuberculose, ce qui conduit sa
famille à quitter Santiago pour vivre à la campagne. Très empreint de littérature, Ruiz suit des études de droit et de théologie : il dirige le ciné-club de l'université et écrit des pièces de théâtre. Son premier long-métrage
Tres tristes tigres, adapté du roman écrit par Guillermo Cabrera Infante.
Militant socialiste, l'apprenti cinéaste devient à cette même époque conseiller cinématographique pour le parti d'Allende. Mais il quitte le Chili au lendemain du coup d'état de Pinochet.
Installé à Paris, Raoul Ruiz tourne en 1974
Dialogue d'exilés, inspiré de son expérience de réfugié au Chili. Il s'inspire de l'oeuvre du philosophe Pierre Klossowski pour signer des oeuvres cérébrales telles que
La Vocation suspendue (1977),
L'Hypothèse du tableau volé (1978)... Ruiz opte au début des années 80 pour un registre plus léger :
Les Trois couronnes du matelot, La Ville des pirates ou encore
L'Oeil qui ment. Bénéficiant de la présence de Marcello Mastroianni, et d'une sélection au Festival de Cannes,
Trois vies et une seule mort permet en 1996 à Raoul Ruiz d'accéder à une plus grande notoriété. En 1999, il relève le défi d'adapter
Le Temps retrouvé inspiré de l'oeuvre réputée inadaptable de Marcel Proust. De Michel Piccoli et Catherine Deneuve (
Généalogies d'un crime) à Isabelle Huppert
(La Comédie de l'innocence), Raoul Ruiz possède ses habitués.
De Giono (
Les âmes fortes) à Balzac (
La maison Nucingen), pas un auteur n'échappe à l'imaginaire débridé de Raoul Ruiz. En 2010, son dernier film,
Mystères de Lisbonne, lui permet de recevoir le Prix du meilleur réalisateur au Festival du film de San Sebastian (Espagne) et le Prix Louis-Delluc 2010.
Le 19 août 2011, le réalisateur franco-chilien, qui s'est engagé toute sa vie, s'éteint à Paris, des suites d'une infection pulmonaire. Il préparait Débâcle, un long métrage ayant pour décor la bataille de Buçaco, menée par l'Empire français pour envahir le Portugal en 1810. Mathieu Amalric, John Malkovich, Marisa Peredes ou Melvil Poupaud, son acteur fétiche, devaient y participer.