Verena Paravel

Il y a cinq siècles l’anatomiste André Vésale ouvrait pour la première fois le corps au regard de la science. DE HUMANI CORPORIS FABRICA ouvre aujourd’hui le corps au cinéma. On y découvre que la chair humaine est un paysage inouï qui n'existe que grâce aux regards et aux attentions des autres. Les hôpitaux, lieux de soin et de souffrance, sont des laboratoires qui relient tous les corps du monde.

Lorsque le film s'ouvre, sur ce qui ressemble à un immense garage à ciel ouvert délabré où s'entassent des voitures destinées à la casse, dont les habitants des lieux récupèrent, pour en faire une sorte de commerce sauvage, les pièces détachées, le spectateur croit se trouver dans un pays du tiers-monde de langue hispanique. La vérité apparaît progressivement : l'action du film se situe à Willets Point, pas très loin des courts de tennis de Flushing Meadows, dans le quartier du Queens, à New York. Cet endroit est destiné à la démolition, pour que soient construits, à sa place, hôtels de luxe et complexe touristique. La dernière population restée sur les lieux, démunie et à la marge, venue d'horizons divers, souvent depuis des lustres, résiste en inventant, dans cet environnement sordide, une vraie vie.