Né à Alger de parents chanteurs lyriques, Daniel Auteuil passe son enfance dans le milieu du spectacle, et du théâtre en particulier, en suivant ses parents dans leurs tournées. Formé au cours Florent et sur les planches, il décroche son premier rôle au cinéma en 1975 dans L'agression de Gérard Pirès, aux côtés de Catherine Deneuve et Jean-Louis Trintignant.
De ces débuts au cinéma, citons Les héros n'ont pas froid aux oreilles de Charles Némès (qui réalisera plus tard La Tour Montparnasse infernale avec Eric et Ramzy), Les hommes préférent les grosses de Jean-Marie Poiré, T'empêches tout le monde de dormir de Gérard Lauzier, et surtout les désormais classiques (on hésite à dire "cultes") Les Sous-doués et Les Sous-doués en vacances de Claude Zidi, comédies emblématiques des années 80 sur un groupe de jeunes loosers socialement inaptes.
Il acquiert ses lettres de noblesse en 1987 en obtenant le César du meilleur acteur pour le rôle d'Ugolin dans Manon des Sources de Claude Berri, qui, avec sa suite Jean de Florette remporte un immense succès.
Suivent les comédies populaires Romuald et Juliette - un conte de fées moderne où il est le prince charmant qui a lui-même besoin d'être sauvé - et Ma vie est un enfer, où il est le diable tentateur dans une comédie qui lorgne (de très loin) sur Faust et Les ailes du désir, avec Josianne Balasko pour partenaire.
Ce qui ne l'empêche pas de s'essayer aux univers de metteurs en scène pointus, comme Michel Deville (Le Paltoquet), Claude Sautet (Un coeur en hiver) ou encore André Téchiné (Ma saison préférée). Nous sommes au début des années 90, et c'est ce sillon plus fouillé, plus sérieux, qu'Auteuil entend creuser.
Il passe de Chéreau (La reine Margot) à Wargnier (Une femme française) avant de revisiter Téchiné (Les voleurs) et obtient une nouvelle consécration avec Le huitième jour de Jaco Van Dormael, un gros succès qui lui vaut le prix d'interprétation au Festival de Cannes 1996, conjointement avec son partenaire Pascal Duquenne. Dans ce Rain Man à l'européenne, Auteuil campe un cadre débordé qui voit la vie d'une autre manière lorsqu'on son chemin croise celui d'un jeune trisomique.
Ce à quoi il faut ajouter le rôle titre de Le Bossu de Philippe de Broca (
"si tu ne viens pas à Lagardère...") et La fille sur le pont de Patrice Leconte avec Vanessa Paradis, succès plus critique que public qui lui vaut néanmoins un deuxième César parmi les nombreuses statuettes remportées cette année là par le film.
Après un La Veuve de Saint Pierre plutôt confidentiel, il retrouve une autre comédie de gros calibre en s'enfermant dans Le placard de Francis Weber, succès monstre au box-office français.
L'adversaire de Nicole Garcia est un autre exemple de films "graves" et de rôles rentrés dans lesquels il exerce avec succès depuis le début des années 90.
Dans les années 2000, il est en vitesse de croisière avec 36 quai des Orfèvres d'Olivier Marchal avec Gérard Depardieu, polar moderne de très bonne facture, l'énigmatique Caché de Michael Haneke avec Juliette Binoche, Peindre ou faire l'amour des frères Larrieu, et La Doublure, autre succès "clés" en main de Francis Weber.
En 2007 il est le peintre conversant avec son jardinier Jean-Pierre Darroussin dans Dialogues avec mon jardinier de Jean Becker et le partenaire de Thierry Lhermitte et Valérie Lemercier dans L'invité de Laurent Bouhnik. Il est aussi en tête d'affiche d'un polar d'Alain Corneau, Le dernier souffle, au casting de choix puisqu'il compte les noms de
Monica Bellucci,
Michel Blanc,
Jacques Dutronc,
Daniel Duval,
Nicolas Duvauchelle...
En 2008, il retrouve Olivier Marchal pour MR-73. Dans la lignée de 36 quai des Orfèvres, le film, tiré d'une histoire vraie vécue par le réalisateur, est un thriller noir et violent tourné dans les rues de Marseille. Puis il enchâine avec la comédie La personne aux deux personnes en compagnie d'Alain Chabat,
"un film où un homme s'introduit dans un autre homme sauf que ça reste tout public".
